Pinyin

Le pinyin (chinois : 拼音 ; pinyin : Pīnyīn ; Wade : P'in¹-yin¹ ; EFEO : P'in-yin) est un système de romanisation du chinois mandarin, promu officiellement par la République populaire de Chine, puis la République de Chine (Taïwan). C'est le système de transcription de cette langue le plus répandu de nos jours dans les ouvrages modernes.

En 1979, l'Organisation internationale de normalisation a adopté le pinyin comme système de romanisation du mandarin. Elle porte aujourd'hui l'identifiant ISO 70981. Elle a également été adoptée par la République de Chine (Taïwan) pour la romanisation dans les instances gouvernementales en 2009, tout en n'étant pas imposé dans l'éducation ou les méthodes de saisie informatique2.

Origine

Le projet de transcription de la langue chinoise aboutissant au pinyin a été initié par Zhou Youguang et approuvé le , pendant la cinquième session plénière de l'Assemblée populaire nationale de populaire de Chine. Le pinyin a été adopté en 1979 par le gouvernement chinois. Il supplanta des transcriptions plus anciennes comme le système Wade-Giles (1859 ; modifié en 1912) ou le Bopomofo, qui reste utilisé en République de Chine. Des systèmes similaires ont été conçus pour les autres dialectes chinois et les minorités non han de la Chine.

Le terme pinyin signifie littéralement « assembler les sons » en mandarin standard et se réfère au hanyu pinyin (chinois simplifié : 汉语拼音 ; chinois traditionnel : 漢語拼音 ; pinyin : Hànyǔ Pīnyīn ; Wade : Han⁴-yü³ P'in¹-yin¹ ; EFEO : Han-yu P'in-yin, soit dans le contexte : « assembler les sons de la langue des Hans »).

Représentation des tons

Le mandarin étant une langue tonale à quatre tons, ceux-ci sont représentés en pinyin par les diacritiques suivants :

  1. ̄  : Ton haut (macron)
  2. ˊ : Ton montant (accent aigu) ;
  3. ˇ : Ton descendant légèrement puis remontant (hatchek ou caron) ;
  4. ˋ : Ton descendant et bref (accent grave).

Lorsqu'on ne dispose pas des caractères accentués du pinyin, on peut utiliser des chiffres écrits après les syllabes, correspondant au numéro du ton, le 0 indiquant l'absence de ton.

Prononciation

Le pinyin utilise l'alphabet latin. La prononciation du chinois est souvent décrite par les mots attaque et finale. L'attaque est la consonne au début d'une syllabe, alors que la finale est la combinaison d'une médianeéventuelle (semi-voyelle avant une voyelle), d'un noyau et éventuellement d'une coda (la voyelle ou consonne à la fin de la syllabe). En mandarin, la coda est toujours une voyelle ou une consonne nasale, et, quelquefois, un -r, qui est attaché comme un suffixe grammatical.

Attaques

La première ligne indique l'API, la deuxième le pinyin.

  Bilabiale Labio-
dental
Alvéolaire Alvéolo-
palatale
Vélaire Rétroflexe
Occlusive [p]
b
[]
p
  [t]
d
[]
t
  [k]
g
[]
k
 
Nasale [m]
m
    [n]
n
       
Spirante latérale     [l]
l
       
Affriquée     [ts]
z
[tsʰ]
c
[]
j
[tɕʰ]
q
  []
zh
[tʂʰ]
ch
Fricative   [f]
f
[s]
s
  [ɕ]
x
  [x]
h
  [ʂ]
sh
[ʐ*
r
Spirante             [ɻ*
r

* [ʐ] et [ɻ] sont des allophones du r.

L’ordre conventionnel est le suivant : b p m f d t n l g k h j q x zh ch sh r z c s

Voir aussi Catégorie:Sinogramme traduit en pinyin

Finales

Dans chaque cellule, la première ligne indique l'API, la deuxième le pinyin pour une syllabe sans initiale, et la troisième le pinyin pour une syllabe avec initiale. Ce qui suit est un tableau de toutes les formes de syllabes possibles en mandarin. 1

  Coda

(fin de syllabe)

[i] [u] [n] [ŋ]
Medial

(attaque de syllabe)

[ɨ]

-i
[ɤ]
e
-e
[a]
a
-a
[ei]
ei
-ei
[æi]
ai
-ai
[ou]
ou
-ou
[ɑu]
ao
-ao
[ən]
en
-en
[æn]
an
-an
[ʊŋ]

-ong
[əŋ]
eng
-eng
[ɑŋ]
ang
-ang
[i] [i]
yi
-i
[ie]
ye
-ie
[ia]
ya
-ia
    [iou]
you
-iu
[iɑu]
yao
-iao
[in]
yin
-in
[iɛn]
yan
-ian
[iʊŋ]
yong
-iong
[iəŋ]
ying
-ing
[iɑŋ]
yang
-iang
[u] [u]
wu
-u
[uo]
wo
-uo 3
[ua]
wa
-ua
[uei]
wei
-ui
[uæi]
wai
-uai
    [uən]
wen
-un
[uæn]
wan
-uan
  [uəŋ]
weng
 
[uɑŋ]
wang
-uang
[y] [y]
yu
-ü 2
[ye]
yue
-üe 2
          [yn]
yun
-ün 2
[yɛn]
yuan
-üan 2
     

1 /ər/ (而, 二, etc.) s'écrit er.
² ü s'écrit u après jq, ou x.
³ uo s'écrit o après bpm, ou f.

Table des tons utilisés en pinyin

Les tons.

Cette table donne les caractères Unicode correspondant aux lettres accentuées utilisées en pinyin3.

  a e i o u ü
1er ton ¯ ā ē ī ō ū ǖ
2e ton ˊ á é í ó ú ǘ
3e ton ˇ ǎ ě ǐ ǒ ǔ ǚ
4e ton ˋ à è ì ò ù

ǜ

 


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Source Wikipédia

 


Chine: Zhou Youguang, père de l'écriture latinisée du chinois fête ses 109 ans

http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Chine-Zhou-Youguang-pere-de-l-ecriture-latinisee-du-chinois-fete-ses-109-ans-2015-01-13-1266606

 

Par AFP, le January 13, 2015 09:48

 

Zhou Youguang, "père du pinyin", le 11 janvier 2015 à Pékin

 

Né sous le dernier empereur de Chine, le "père du pinyin", l'écriture latinisée du chinois, quasiment universelle aujourd'hui, fête ses 109 ans mardi. Mais Zhou Youguang, critique déclaré et censuré du régime communiste, reste convaincu que l'avenir de la Chine passe par la démocratie.

 

"Après 30 ans de réformes économiques, la Chine doit encore prendre le chemin de la démocratie", assure à l'AFP le linguiste et dissident sans doute le plus âgé de la terre, le visage à peine ridé sous une poignée de cheveux blancs clairsemés. "C'est la seule voie. J'en ai toujours été convaincu", dit-il.

 

Zhou est connu comme le "père du pinyin", un système de transcription dans l'alphabet latin des caractères chinois, introduit dans les années 1950 en république populaire et utilisé désormais par des centaines de millions de personnes en Chine et dans le monde pour apprendre cette langue dépourvue d'alphabet. Dans son appartement exigu de Pékin, bourré de livres écornés, dont les siens - quelques dizaines - l'homme reste modeste: "Je n'ai pas de sentiment de fierté. Je ne crois pas avoir accompli grand chose", dit-il, s'exprimant avec lucidité et un peu de difficulté.

 

Son anniversaire ? "Aucune importance", évacue-t-il.

Né en 1906 dans une famille aristocratique, Zhou a connu les dernières années de la dynastie des Qing (1644-1911) avant son renversement et les bouleversements révolutionnaires.

Etudiant à Shanghai puis au Japon, il se réfugie ensuite avec sa femme et ses deux enfants à Chongqing (sud-ouest) pendant l'invasion japonaise avant de travailler dans la banque à Wall Street après 1945. Il rencontrera deux fois Albert Einstein à Princeton chez des amis.

 

A la victoire de Mao en 1949, il rentre en Chine: "A l'époque, ils (les communistes) se présentaient comme des démocrates", écrira-t-il plus tard.

Il enseigne l'économie et devient un conseiller de Chou En-lai, numéro deux du régime.

- 'Les pessimistes ont tendance à mourir' -

 

En 1955, le Premier ministre confie à ce linguiste amateur, qui pratique un peu l’espéranto, la co-présidence du comité chargé de réformer la langue chinoise et de combattre l'illettrisme.

Il s'appuiera sur un système élaboré en Union soviétique pour transcrire avec les lettres de l'alphabet latin les sons de la langue chinoise, le "pinyin" --littéralement "assemblement des sons"-- passage obligé de tous les étudiants en chinois aujourd'hui. Quatre accents graphiques différencient les quatre tons du chinois.

Le développement du pinyin jouera un rôle-clé dans la diffusion de l'apprentissage du mandarin, maîtrisé aujourd'hui par plus de 90% de la population, contre environ 20% dans les années 50.

 

Officialisé à Pékin en 1958, le pinyin a peu à peu supplanté le Wade-Giles, système de transcription mis au point par deux diplomates britanniques au 19è siècle, ou la romanisation du chinois adoptée par l'Ecole française d'Extrême-Orient (EFEO).

 

"Un caractère chinois, vous ne pouvez pas le prononcer juste en le regardant. Le pinyin a donc été utile pour l'enseignement", raconte Luo Weidong, professeur à l'Université des langues de Pékin.

Le pinyin s'est en outre avéré essentiel à l'interface entre le mandarin et l'informatique.

 

Pour autant, l'apport considérable de Zhou ne l'a aucunement protégé de la fureur maoïste: intellectuel, et donc cible privilégiée, il passera deux ans en camp de travail, dormant à même la terre durant la révolution culturelle (1966-76).

 

"Quand êtes dans l'adversité, vous avez intérêt à être optimiste. Les pessimistes ont tendance à mourir", écrira-t-il à propos de ses compagnons de goulag.

"En toute honnêteté, je n'ai rien à dire de bon sur Mao Tsé-toung", dira-t-il, jugeant que les 20 années entre 1960 et 1980 ont "perdues".

 

Il lui préfère celles des années de réformes économiques de Deng Xiaoping, mais à ses yeux, "que les Chinois deviennent riches n'est pas important. Le progrès humain, en définitive, c'est le progrès vers la démocratie", dit-il.

 

Retraité à 85 ans, Zhou a rédigé des dizaines d'ouvrages où il défend l'idée que les réformes économiques ne sont rien sans changement politique.

Ses références favorites --il continue à dévorer les livres entre deux siestes-- restent Confucius et Socrate.

 

Depuis la vague d'arrestations d'intellectuels --certains âgés de 81 ou 71 ans-- déclenchée par le président Xi Jinping, ses ouvrages sont scrutés de plus près par la censure. Elle vient d'exiger des coupes sombres dans son dernier, à paraître le mois prochain, où il évoque notamment l'immense famine sous Mao et ses dizaines de millions de morts.

 

Le problème n'est pas l'actuel président, dit-il, "c'est le système: nous n'avons pas de liberté de parole en Chine".